Parole de professionnelle – Interview de Virginie – Aide médico-psychologique à la Maison Sainte-Anne à Tinténiac

La Maison Sainte-Anne est engagée dans un projet de reconstruction qui porte l’ambition d’une profonde transformation du lieu de vie des personnes âgées, dans une approche domiciliaire. C’est dans ce cadre que l’équipe du pôle Alzheimer, une unité accueillant huit personnes, a décidé de repenser ses modalités d’accompagnement, ses organisations de travail, mais également les espaces de vie et la place de la famille. Virginie, aide-soignante témoigne des changements que cela a entrainé.

Racontez-nous la genèse du projet.

Quand on a commencé à réfléchir à ce que cela impliquait de « vivre à la maison », on a rapidement fait plusieurs constats. Le premier, c’est qu’à la maison, on n’a pas de mobilier médical. Alors, nous avons commencé à récupérer des meubles « domestiques », à éplucher les petites annonces du Bon Coin, à solliciter les familles, pour réaménager l’unité. On a ainsi installé un vaisselier, un canapé, échangé les fauteuils d’hôpital contre des fauteuils classiques. Deuxième constat, à la maison on n’est pas enfermé ! Or dans notre pôle, comme dans la plupart des unités « protégées », les portes étaient fermées à clé, pour des questions de sécurité. Alors on a décidé de les ouvrir.


Du jour au lendemain, vous avez ouvert grand les portes ?

Non, on a fait ça progressivement, mais assez rapidement quand même ! Début juin, on a commencé par déverrouiller la porte et observer ce qui se passait. Pendant l’été, on a pu ouvrir les portes en grand.


Et alors, que s’est-il passé ?

On a surveillé les réactions des habitants. On les connait bien, donc on savait lesquels auraient potentiellement l’envie de sortir. Quand cette envie se manifestait, selon les cas, soit on laissait partir la personne et on la suivait pour voir comment ça se passait, pour être sûr qu’elle ne se mettait pas en danger, soit on l’accompagnait. On s’est aussi équipé de GPS, mais finalement, on a rarement eu besoin de les utiliser. Quand on les accompagne, après un petit tour d’une demi-heure, une heure maximum, en général ils sont contents de rentrer. Ils nous disent « ah, quand même, je suis fatigué » et n’expriment plus l’envie de repartir. Et surtout, ils sont apaisés ! On constate beaucoup moins d’anxiété, moins d’agitation, moins d’agressivité.


Ces sorties avec les habitants, ça ne désorganise pas trop votre travail ?

Il faut savoir que l’équipe est passée en 12h. Donc on propose un accompagnement continu tout au long de la journée, il n’y a pas de changement d’équipe. Alors, quand un habitant veut sortir, on se rend disponible, on prévient la collègue et au besoin, on décale les toilettes par exemple. On a aussi beaucoup travaillé nos modes d’accompagnement. Plutôt que d’empêcher les habitants de sortir, on préfère leur donner l’envie de rester. Par exemple, on les fait participer aux tâches domestiques, comme faire les courses, mettre la table, entretenir le linge. Si on compte en plus les temps de repas, les moments de repos, ils ont au final des journées bien remplies !


Comment les familles ont-elles accueilli l’idée de ces portes ouvertes ?

Elles ont rapidement adhéré. Et l’ambiance a complètement changé, on a senti une vraie différence. Il y a de la confiance, des liens se sont créés. Par exemple, on a organisé un barbecue. Toutes les familles étaient là, à nous aider à faire les toasts, à préparer les grillades, à mettre la table, à faire la vaisselle, à aider les habitants à manger… On forme un vraie famille et c’est ça aussi, être chez soi !

Elles / ils font l’Hospitalité

Virginie

Virginie Maison Saint Anne

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